Dès l’enfance, je me passionnais pour le dessin, la peinture... et le carton, matière humble, recyclable, facile à transformer. Collages, tableaux en relief, maquettes pour décors de théâtre, films d’animation ou prototypes de sculpture en chocolat (!), ce matériau-ami a toujours donné corps à mes idées. En 1999 – je vivais alors au Canada – de tableaux colorés et joyeux sortaient les casas felizes, premières "maisons en carton". Suivraient les miniatures des habitations du Montréal populaire, les maisons du Québec, les quais de pêcheurs et phares de l'est canadien. Le thème de la maison, refuge et symbole de l'être intérieur, ne venait pas par hasard à un migrant ayant vogué du Brésil au Canada et qui déjà dans son Paris natal cultivait une forme d'itinérance...

Retour en France en 2007 et début de la "mise en carton" des quartiers parisiens. Le matériau s'affranchit du décor peint qui habillait les modèles canadiens, les jus et frottis accentuent les textures sans les cacher. Une évolution qui conduit en 2016 aux maisons hautes, référentiels architectu-raux plus vagues, objets un peu fous et baroques où le carton se libère, subsistent les erreurs, accidents et repentirs, prime le jeu des yeux et des mains et où le "bac à chutes" devient un réservoir d'idées.

Le thème de la mer revient en 2019 : phares, tableaux-reliefs, bouées-balises et bateaux-phares. Puis en 2020, cabanes de pêche qui – temps de confinement obligent – s’isolent sur des pilotis toujours plus hauts, microcosmes autonomes équipés d’éoliennes et de réservoirs d’eau...

2021 apporte en réponse un retour à la peinture, à la couleur et aux ambiances festives. Les "maisons heureuses" regagnent les deux dimensions du papier et de la toile et – récent tropisme italien oblige – deviennent les case felici...

Abandon définitif du relief ? Plutôt prélude à de nouvelles variations "cartonnesques", comme semblent en témoigner les œuvres qui apparaissent à partir de 2022 et qui combinent carton et couleur...

À suivre donc !...